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Le Bâti Médiéval > Le Bâti Urbain

Le bâti urbain médiéval


Nous pouvons déterminer trois grands types d'habitat urbain au Moyen-Âge : les maisons polyvalentes, les résidences et les palais urbains.

Les Maisons Polyvalentes


Ce type d'habitat est le plus répandu et le plus facilement identifiable. Il est appelé "maison polyvalente" car il intègre 2 fonctions en un même lieu :
  • la résidence,
  • l'activité professionnelle.

Ces maisons sont disposées sur la rue avec laquelle elles vivent en symbiose car ses occupants artisans et/ou commerçants pratiquent l'échange direct. L'échoppe et/ou l'atelier se situent au rez-de-chaussée tandis que le logement occupe les étages.

A noter que plus la demeure est vaste, plus ses habitants sont hauts placés dans l'échelle sociale. La partie résidentielle et les espaces réservés à la domesticité sont alors plus développés par rapport aux lieux de production et d'échanges du rez-de-chaussée.

C'est ce qui nous permet de distinguer 2 types de maison polyvalente : la maison bourgeoise qui, comme son nom l'indique, est la résidence des habitants du bourg, et la maison patricienne beaucoup plus grande et richement décorée.
  • La maison bourgeoise


    Au Moyen-Âge, tout comme aujourd'hui d'ailleurs, la nécessité d'avoir "pignon sur rue" pour le commerce et le coût élevé des emplacements biens situés (les rues passantes du centre bourg ou sur la place du marché) concourent à créer un type de maison étroite et développée en hauteur.
    Le rez-de-chaussée regroupe les organes de contact et d'accès : porte, grandes baies rectangulaires ou en arcs.
    Les étages s'ouvrent par des fenêtres décorées.

    Si l'organisation des maisons bourgeoises médiévales est toujours la même, il n'en est pas de même dans sa forme, sa taille ou sa décoration.
    Une façade bâtie avec des matériaux de qualité (pierres de taille par exemple) et plus ou moins richement décorée, dénote le peu d'aisance ou la richesse du maître d'oeuvre.
    Il existe plusieurs formes de maisons bourgeoises :
    la maison polyvalente







    Les maisons "blocs" à pignon sur rue : ce sont des maisons mitoyennes disposées en profondeur, perpendiculairement à la chaussée, et dont le petit côté, le mur pignon, donne sur la rue.









    la maison tour






    Les maison-tours : c'est une sorte de donjon urbain, maison plus haute que large ou que profonde. L'aspect turriforme n'a pas forcément un rapport avec une quelconque seigneurie urbaine.
    (NOTA : si vous avez la chance d'acheter une maison-tour, il sera tout de même intéressant de consulter les archives pour découvrir ou non un lignage noble.)









    la maison patricienne
  • La maison patricienne des XIII et XIVème siècles


    Apogée de la maison urbaine et étape importante vers le palais, la maison patricienne est une grande maison polyvalente. Elle s'en distingue par ses dimensions et par la richesse hors du commun de son décor.

    C'est le logis des notables les plus considérables.

    Elle comprend plusieurs corps de logis organisés autour d'une cour intérieure. Celle-ci lui procure une circulation aisée par des galeries externes, un éclairage et une aération abondants.
    Dans le Nord de la France, par exemple, elle a souvent un jardin, un grenier, voire une grange.

    Elle possède une grande salle qui peut atteindre des dimensions impressionnantes, jusqu'à 150 m2 pour les plus grandes d'entre elles.

    Certaines ne dédaignent pas non plus dresser une tour dans un de ses angles et le traitement de ses façades confirme la richesse du programme.




(NOTA : les éléments concernant les 3 catégories de maison polyvalente sont très théoriques. Dans la pratique, toutes les gradations existent depuis la maison modeste jusqu'à l'hôtel patricien et le passage d'une catégorie à l'autre n'est malheureusement pas aussi tranché.)


Les Résidences


Leurs programmes résidentiels sont, à contrario de la maison polyvalente, détachés des fonctions de production et d'échange, et leurs rez-de-chaussée sont à nouveau disponibles pour le logement.
Ces maisons ne vivent donc plus en symbiose avec la rue et, de fait, sont souvent éloignées des centres commerçants des bourgs.

Nous retrouvons 3 catégories de résidences : les résidences des pauvres, des ecclésiastiques et des chevaliers.
  • Les résidences des pauvres


    Il y a une forte méconnaissance encore aujourd'hui sur ce type d'habitat par manque de biens encore existants. Ceux-ci construits en matériaux périssables semblent avoir tous disparus.
  • Les résidences des ecclésiastiques

    • Les résidences "simples"
      la résidence du clergé









      Ces demeures sont en principe accolées à l'église et sont d'une grande qualité de construction. Elles ont pour but de loger en commun tous les clercs affectés au service des paroisses (curés, chapeliens, prieurs). Leur rez-de-chaussée peut être pourvu d'un cellier en vue d'entreposer dîmes et redevances.









    • Les maisons dites canoniales
      Ce sont des habitats qui appartenaient à un chapitre cathédral ou collégial et habités par un chanoine.
      Ces maisons, contrairement à la maison éclésiastique, se situent dans un quartier canoniale, forment un ensemble compact souvent isolé du reste de la ville, à laquelle elle tourne le dos par une ceinture végétale de jardins ou par un mur maçonné. Ces logis opulents étaient composés de 4 à 10 pièces d'habitation. Leurs décors peints et scultés rangent nombre d'hôtels canoniaux parmis les plus belles réalisations urbaines.
      la maison canoniale


    • Les commanderies des ordres hospitaliers du Temple et de l'Hôpital
      la commanderie




      Encore plus vastes, ces résidences ressemblaient plus à des hôtels nobles voire à des palais par les nombreux bâtiments s'assemblant autour de cours, leurs grands et riches logis, les dépendances spacieuses et surtout par la grande tour qui y était fréquemment adjointe.









    maison de chevalier
  • Les résidences des chevaliers


    Ces habitations sont souvent implantées en retrait des rues, sans alignement avec les maisons contiguës, et en général éloignées des rues commerçantes et des marchés.
    Ce type d'habitation est hétérogène.
    • Certaines ressemblent à des maisons bourgeoises, dans le volume et les traits, mais n'ont pas d'échoppes au rez-de-chaussée.
    • D'autres sont d'énormes logis où la fonction résidentielle prime.
    • Mais surtout, ce type d'habitat affectionne la maison-tour, qui domine de haut le paysage urbain, symbole d'un statut social. Ces tours ne sont pas vraiment fortifiées mises à part quelques meurtrières et une porte ouvrant à l'étage.

    Il faut souligner la qualité de ces édifices pourvus de cheminées, décorés de peintures murales et percés de belles fenêtres.

Les Palais Urbains


le palais urbain
C'est l'habitat des puissants.

Il cumule des fonctions publiques développées (sociales, administratives, voire judiciaires) et des fonctions résidentielles démultipliées.

Ces dernières sont exprimées avec faste et sur une grande échelle, et dans des formes très diversifiées allant du grand hôtel au château urbain.

Ces palais constituent des ensembles impressionnants qui se signalent dans la ville médiévale par leur emprise au sol et leur volume, hors de toutes les normes régissant le reste de l'habitat.

Ils occupent des ilots complets entourés de tous côtés par le domaine public, rue, place, rempart.

L'apparat qui entoure les fonctions sociales, est à l'origine de l'extraordinaire ampleur donnée à la grande salle, d'une surface pouvant aller jusqu'à 250 m2.

La tour est presque toujours présente : elle s'impose par sa masse et sa hauteur.

La cour intérieure principale se prête à la vie en société, aux cérémonies et spectacles. Des jardins et des vergers, sur lesquels s'ouvrent balcons et loges, entourent ces résidences.



La rédaction de cet article s'est appuyée sur le livre de Pierre GARIGOU GRANDCHAMP "DEMEURES MÉDIÉVALES" des éditions Rempart, dont vous trouverez toutes les coordonnées dans notre rubrique bibliothèque.

A suivre : Le Bâti Rural